Basez la circularité sur une stratégie existante
Même si la circularité n’est pas un but en soi, progresser vers la circularité est à l’ordre du jour. Mesurer le progrès circulaire demeure un défi. Une solution consiste à agir de manière itérative, pour identifier et maîtriser les aspects essentiels. Dans ce cadre, la stratégie en matière de sécurité, de qualité et d’environnement peut être une base utile.
Qu’entend-on par progrès et par circularité ?
Devenir 100 % circulaire n’est pas un but en soi. Les cycles fermés sans impact n'existent pas, comme nous l’avons déjà mentionné dans un précédent article. Les stratégies circulaires peuvent néanmoins contribuer à offrir aux clients tout autant de fonctionnalités, voire même plus, avec moins de ressources naturelles (matières premières). En substance, la circularité est un cadre pour dissocier l’impact environnemental et la croissance économique. Le but ultime est d’assurer une dissociation absolue et suffisante, comme nous l’avions déjà évoqué aussi dans notre article sur les actions à prendre pour changer les résultats des mesures.
D’autre part, se focaliser uniquement sur l’impact environnemental n’est pas très pratique. Il faut se poser de nombreuses questions sur la définition de l’impact environnemental « réel ». Une analyse du cycle de vie (LCA) apporte une solution partielle, mais seulement dans le champ d’application, l’unité (de mesure) fonctionnelle et les hypothèses inhérentes à une telle LCA. Nous avons déjà parlé de l’analyse simplifiée du cycle de vie – qui présente les mêmes défis – dans l’article sur le calcul de l’éco-coût.
Il reste donc encore beaucoup d’incertitudes et de défis pour mesurer le progrès circulaire et l’impact de l’utilisation des matières.
Et ce n’est là qu’un des nombreux problèmes complexes qui ne peuvent pas être entièrement résolus avec un seul outil ou une seule méthode. Nous allons donc devoir agir de façon itérative pour identifier et maîtriser les aspects essentiels.
Domaines de progrès en interaction mutuelle
Suivant l’approche du monde physique, nous pouvons améliorer la circularité et la durabilité sur le plan des matières, des composants, des produits, de toute l’entreprise ou même de l’écosystème où circulent les matières, les composants et les produits.
Très brièvement, cela porte pour les matières sur une réduction de la consommation de matières, le degré d’évitement de substances dangereuses et/ou toxiques, le degré d’utilisation de matières premières secondaires et le degré d’utilisation de ressources renouvelables.
Pour les composants et les produits, des conditions de conception viennent s’ajouter, qui dépendent fortement des utilisateurs des produits et de leur mode d’utilisation. Il nous paraît donc utile de se pencher sur les possibilités de prolonger la durée de vie des produits grâce à une réparation, une mise à niveau, une remise à neuf, un reconditionnement, une réutilisation, une réaffectation,…
Au niveau de l’entreprise, on se penchera sur la gamme de produits et de services qui aide aussi à réaliser le potentiel circulaire des matières, des composants et des produits dans la pratique : dans quelle mesure existe-t-il des services qui se chargent aussi de réparer, moderniser, adapter efficacement les produits ou les composants ?
Enfin, il y a aussi l’écosystème dans lequel collaborent tous les acteurs en contact avec le produit ou le composant une fois qu’il est commercialisé : dans quelle mesure y a-t-il des incitations et des structures pour faire collaborer ces acteurs de façon qu’ils contribuent aussi à réaliser concrètement des objectifs circulaires ? On mesurera à cet égard dans quelle mesure les matières sont réellement et entièrement recyclées lors de la mise au rebut, dans quelle mesure les composants sont aussi effectivement « récoltés » et réutilisés comme composants de réparation, ou dans quelle mesure les produits mis au rebut reçoivent une nouvelle vie grâce à un reconditionnement, une valorisation ou une réaffectation.
Qu’est-ce qu’une stratégie circulaire peut apprendre d’une stratégie de sécurité, de qualité et d’environnement ?
Le fondement de chaque norme (certifiable) portant sur la qualité, la sécurité et l’environnement consiste à mettre en place des processus efficaces qui ont des répercussions positives sur la qualité, la sécurité et l’environnement. Hormis un niveau minimum (par ex. respect de la législation et de la réglementation, absence d’impact sur les lieux de travail ou d’émissions toxiques ou dangereuses), ces normes n’abordent pas la valeur absolue de la qualité, de la sécurité ou de l’impact environnemental. Cependant, et c’est même très explicite, elles mentionnent des processus et des exigences minimales pour renforcer la qualité, la sécurité et la réduction de l’impact environnemental au travers d’une amélioration continue : la mise en place d’un système d’enregistrement des réclamations de clients, des (presque) accidents et des incidents, l’instauration d’une évaluation périodique de la stratégie sur la base des commentaires recueillis, la définition des objectifs et leur documentation, la fourniture des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs,… C’est un jeu d’enfant pour la plupart des entreprises.
Cette approche est également judicieuse pour s’appliquer aux progrès en termes de circularité. Dans une première étape, vous pouvez vous demander quelles sont concrètement les exigences minimales incontournables : législation et réglementation, exigences pour l’établissement de rapports, aptitude au recyclage, garantie, réparabilité,… Dans une étape suivante, vous pouvez rechercher quels processus sont vraiment pertinents pour enregistrer des progrès constants : la définition d’objectifs (matières, produits, entreprise, écosystème), la prise en compte des exigences des clients et du marché, la réalisation d’évaluations périodiques, la méthode d’enregistrement et d’établissement de rapports,…
Enfin, vous pouvez vérifier quelles structures existent dans votre entreprise et votre écosystème, où vous pourriez contribuer à surveiller les objectifs circulaires. Quel système de suivi fonctionne bien dans votre organisation et que vous pouvez enrichir d’une part de circularité ? Songez par exemple aux review meetings (qualité, sécurité, environnement,…), aux sales meetings, aux design/product review meetings, aux management meetings ou aux directive committee, ou encore à une concertation sectorielle au niveau de l’écosystème, à une concertation périodique avec les distributeurs, des journées dédiées aux clients, …
Conclusion
Il est essentiel de faire preuve de bon sens et d’ouverture d’esprit et de tirer les enseignements de ce qui fonctionne déjà. Cela paraît logique et peu original mais dans la pratique, satisfaire ces critères s’avère constituer un grand défi pour bon nombre d’entreprises. N’hésitez donc pas à vous rendre dans d’autres entreprises de votre secteur pour analyser leur approche. Rappelons ce précieux conseil : procédez par petites étapes logiques au lieu de vous lancer dans un projet de grande envergure.
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